Au cours du premier trimestre de 1962, un étudiant de l’École Normale de Malonne, Michel CARPENTIER, à la recherche de fossiles, découvre plusieurs éléments préhistoriques dans la carrière du Petit Ry.
Sur une corniche d’accès malaisé et uniquement par le bas, il découvre, simplement posés sur les sédiments, à environ 20 cm de la paroi, un crâne humain et une dent de cheval. Creusant un peu, il trouve d’autres éléments. Il consulte alors des personnalités compétentes, dont Louis Éloy.
Pierre Renier et Guy Bastin, de Floreffe, fouillent également le site.
Ce site est ce qui reste du plancher d’une galerie emportée par l’exploitation de la carrière. Les vestiges préhistoriques trouvés proviennent des sédiments encore en place sur l’étroite corniche lors de la découverte et sujets à une érosion progressive.
La découverte est d’importance : elle consiste en fragments de squelettes humains, dont un crâne en assez bon état, de onze fragments de silex et de divers ossements d’animaux : hyène, cheval, cochon domestique, sanglier, chevreuil, lièvre et surtout blaireau. En ce qui concerne les débris animaux, on ne peut guère tirer de conclusions tant ces éléments appartiennent à des époques différentes ; cependant, deux ossements probablement de sanglier portent des traces de coups de silex et pourraient être contemporains des ossements humains. De même, pour les débris lithiques : ils sont trop fragmentaires que pour en tirer des conclusions définitives.
Par contre, les ossements humains sont intéressants. Ils appartiennent à au moins quatre individus différents. Il peut s’agir de plusieurs inhumations individuelles, d’une sépulture collective (dépôts répétés et successifs dans un même caveau) ou d’une inhumation multiple (inhumation de deux ou plusieurs personnes simultanément dans une même tombe). C’est l’inhumation collective qui semble être l’hypothèse la plus probable ; il n’est cependant pas possible de l’assurer. Les techniques actuelles, une méthode d’analyse du taux de radiocarbone par accélérateur, permettent de mesurer l’ancienneté d’un ossement avec beaucoup moins de matière que jadis (30-40 grammes, soit dix fois moins que la méthode plus ancienne). L’examen par cette méthode du fémur droit a permis de le dater avec assez de précision : entre 8401 et 8185 avant notre ère (91 % de certitude). L’un de nos hommes du Petit Ry est donc plus ou moins contemporain de ceux découverts dans les rochers de Freyr (Anseremme, Dinant), de Loverval (Gerpinnes), Burrington, Mendip Hills, Cheddar Gorge (Somerset - Angleterre) et plus anciens que ceux de Nenzlingen (Suisse), Holheim (Bavière), Culoz (Ain, France), Torquay (Devonshire – Angleterre), Gower Peninsula (Pays de Galles, Angleterre), Pitrazzi (Sicile).
Lire aussi
- In Anthropologie et Préhistoire, 105, 1994 : Le Site mésolithique de Malonne : Petit Ri (Province de Namur, Belgique)
- JADIN, I et CARPENTIER, M : La sépulture mésolithique du Petit Ri à Malonne (Namur, Belgique). Contexte archéologique et position chronologique.
- ELOY, L et JADIN, I, L’industrie lithique du Petit Ri à Malonne (Namur, Belgique).
- CORDY, J-M : Étude de la faune de la grotte du Petit Ri à Malonne (Namur, Belgique).
- TWIESSELMANN, F et ORBAN, R : Ossements humains découverts dans le massif rocheux du Petit Ri à Malonne (province de Namur, Belgique).
- ***L’homme de Malonne in Editions du CHAM, Bulletin n° 19, juin 1995.