La période romaine

La période romaine paraît avoir été plus riche. La découverte en 1885, au "Gros-Buisson", d'un cimetière gallo-romain du IIème siècle, semblait indiquer la présence dans les environs, d'une villa. Il s'agissait de vingt-deux tombes, assez pauvres, dont l'une contenait des outils ; probablement des tombes d'esclaves ou de colons ayant appartenu à cette villa.

La présence de cette propriété est confirmée et maintenant assurée par la découverte fortuite au lieu-dit "Reumont", en 1984-85, lors de la construction d'une maison, d'une vingtaine de poteries, d'autant de pièces en bronze, d'outils divers en fer et de nombreux tessons dans une fosse qui avait servi à jeter les déchets.

Un premier examen de ces pièces donne à penser que la villa de Reumont était en activité dès la seconde moitié du premier siècle après Jésus-Christ. Le fait est assez rare pour être souligné. Un tesson de poterie remontant aux années 20 le confirme. La présence de nombreux outils liés à la culture de la vigne indique que le propriétaire était notamment vigneron. D'après les poteries actuellement découvertes, on est assuré qu'elle fut en fonction au moins jusqu'au V° siècle.

Mieux ! L'emplacement exact du bâtiment principal (villa urbana) est connu. Il se trouve au bord du plateau de Reumont, côté sud. Les substructures enfouies dans le sol sont nettement visibles à certaines époques (sécheresse, fonte des neiges...). On devine facilement qu'il y avait là un très grand bâtiment (non encore mesuré) comprenant un grand nombre de pièces. L'une d'elle, la plus grande et sans doute la principale (+ 6 x 10 m) jouit d'une exposition plein sud, comme dans toute villa romaine qui se respecte.

Autre découverte, en 1914, le "Trésor de la Marlagne", ensemble de 171 pièces datées du III° siècle, trouvées dans un récipient en bronze au lieu-dit "Bransart". Cela pose un problème : des gens se sont enfuis, peut-être, enterrant leur trésor. Fuyaient-ils une incursion germanique, déjà ? La villa aurait-elle souffert à ce moment ? Sans doute, oui : ils ne sont pas revenus récupérer leur bien (à moins qu’ils n’aient oublié où ils avaient mis le magot, mais c’est idiot !). On n’a fouillé que des fosses à déchets, près de la villa, où l’on peut trouver des vestiges de toutes les époques, on ne sait rien du bâtiment dont il reste des traces. La villa a pu être détruite et reconstruite plusieurs fois. Tant qu’on n’a pas fouillé le site, - et on ne le fera sans doute qu’en cas de danger pour celui-ci -, on en sera réduit aux hypothèses.

Ces trois découvertes - cimetière, villa, trésor - se situent en fait à la périphérie du plateau le plus vaste de Malonne toujours cultivé, qui a donc bien été le cœur d'une exploitation agricole de la période gallo-romaine et a formé le territoire de ce qui deviendra plus tard le domaine de "Reumont", l'un des cinq domaines que Pépin aurait donnés à saint Berthuin, et ce n’était sans doute pas un domaine de forêt !

Au IV° siècle, la présence des "Lètes" dans ce domaine est possible.

Par contre, la période mérovingienne ne nous a rien laissé. Il a parfois été dit qu'un cimetière franc aurait été mis à jour au "Tombois" (A.S.A.N., cf. les tables, Malonne). Bien que la dénomination de « Tombois » puisse remonter à cette époque, il n'est pas possible de trouver confirmation de ce fait.

Le toponyme de « Reumont » (Mont royal) pourrait indiquer que cette propriété appartenait aux souverains de nos pays lors de l’époque carolingienne.




Lire aussi

  • Félix ROUSSEAU, La Meuse et le pays mosan, Éd. cultures et civilisations 1977.
  • Pierre DUCARME, 698 Malonne 1998, son église abbatiale, Editions du CHAM (bulletin n°22), 1998.
  • Cimetière du 2ème siècle à Malonne, Annales, T. XX, pp. 49-53.

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