À la fin du XVIème siècle, l’abbé Sclussman commande une croix processionnelle et une nouvelle châsse à Henri Libert.
Henri Libert est le meilleur des orfèvres namurois du XVIIèmesiècle. Il est né vers 1575 et est décédé après 1651. La première œuvre qu’on lui connaît date de 1596 et la dernière de 1651.
On conserve de lui notamment :
- La réparation de la couverture de l’Évangéliaire d’Hugo d’Oignies (Namur).
- La croix processionnelle de Malonne [1600].
- Deux calices (St Joseph [1596] et St Loup à Namur)
- Deux ostensoirs (Immaculée Conception à Dhuy, St Gérard à Bossières).
- Cinq châsses (Ste Rolende à Gerpinne [1599], St Berthuin à Malonne [1601], Ste Marie d’Oignies à Nivelles [1608], St Victor à Fleurus [1612], St Pierre à Thy-le-Château [1617].
- Les contrats pour deux châsses pour les couvents de la Paix N-D (Bénédictins à Namur[1617]) de Ste Odile (Pères Croisiers à Namur[1629]).
La croix commandée par l’abbé Sclussman date de 1600. Il s’agit d’une croix montée sur chêne recouverte de plaques d’argent travaillé. À remarquer spécialement les quatre extrémités et la base de la croix. À chaque extrémité de la croix, sont représentés avec beaucoup de finesse les quatre évangélistes. La base, hexagonale, présente sur chaque face une petite niche surmontée d’une coquille dorée. Dans les niches, un personnage légèrement doré lui-même : saint Berthuin la vierge Marie et de nouveau les quatre évangélistes La châsse de saint Berthuin, dont on a fêté en 2001 les quatre cents ans, reste l’un des éléments majeurs du patrimoine des Malonnois.
Elle a la forme d’un sarcophage long de 1,22 m, large de 0,58 m et haut de 0,69 m, avec toit à double versant. Elle est la plus grande châsse d’Henri Libert. On se demande si, en fait, il ne s’agit pas de l’ancienne châsse, celle de 1202, rhabillée en style renaissance par Henri Libert. Pour vérifier cette hypothèse, il faudrait la démonter, examiner ce qui se trouve sous les panneaux sculptés de Henri Libert et faire un examen dendrologique.
La châsse de saint Berthuin est couverte de cuivre doré pour les éléments soulignant sa structure et de bas-reliefs en argent. Elle est en outre garnie de verroterie de couleur. Le faîte du toit est surmonté de trois pommes de pin plus anciennes, que l’on attribue à l’école d’Hugo d’Oignies (d’où l’hypothèse émise ci-dessus).
Il faut surtout examiner les panneaux ciselés remarquables par leur finesse : sur les pignons : d’un côté, un Christ assis, bénissant, de l’autre saint Berthuin. Sur les côtés, les douze apôtres et sur les versants du toit, douze scènes représentant la vie de saint Berthuin.
La châsse contient divers ossements scellés.
Elle sort régulièrement du coffre de l’église où elle repose, soit pour des expositions (Liège, Namur, Gerpinnes, Malonne bien sûr…) soit lors de marches. Bien évidemment, il y a la marche de saint Berthuin, à la Pentecôte (naguère, le lundi de Pentecôte, exactement). Ce sont les « pairs de saint Berthuin »* qui ont la mission de la porter en procession à travers les rues du village, escortée par la Compagnie des Zouaves de saint Berthuin (Marcheurs de l'Entre Sambre et Meuse).
* La confrérie des Pairs de saint Berthuin existe au moins depuis 1608...
Lire aussi
- Pierre DUCARME, 698 Malonne 1998 son église abbatiale, Editions du CHAM (bulletin n° 22, 1998.
- Frère LEGROS J., La châsse de saint Berthuin (inédit).
- LEMEUNIER A., ALEXANDRE S., LAMBERT J., Entre folklore et dévotion, Gerpinnes 1999, quatrième centenaire de la châsse